Une enfance magique

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de Livia Bühler | Oberstockenalp

17.10.2024

À quoi votre enfance ressemblait-elle? Partiez-vous en vacances chaque été? Vous souvenez-vous de votre premier jour d'école?

En lisant cet article, vous remarquerez sans doute que mon enfance a été bien différente de la vôtre.

Les premières années à l’alpage

Mes parents sont mariés depuis plus de 30 ans et cela fait plus de 35 ans qu’ils passent chaque été sur notre alpage, celui d’Oberstocken. Peu de temps après leur mariage, leur premier enfant est venu au monde, mon frère aîné Ruedi. Nous connaissons l’histoire par cœur: le jour de sa naissance, l’alpage était recouvert de neige, mais à peine quelques jours plus tard, il est monté au chalet pour la première fois. De mon côté, je suis née en hiver, donc j’avais déjà quelques mois quand je m’y suis rendue pour la première fois. Comme il est impossible de se rendre à l’alpage en voiture, nos parents utilisaient des porte-bébés pour le trajet les premières années. Plus tard, nous y sommes allés à pied (le chemin le plus court prend une demi-heure).

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Aventures entre frère et sœurs

Je suis la deuxième de la fratrie après mon frère Ruedi. Après moi viennent mes deux sœurs cadettes Luisa et Anna. Quand il faisait beau, nous préférions nous amuser dehors, où s’ouvrait à nous tout un champ d’activités: construire un barrage, tenir un bar à sirops et servir les jeunes client·es de l’auberge, escalader des rochers, créer une boulangerie à ciel ouvert, etc. Nous recevions parfois la visite d’autres enfants de notre âge, ce qui était toujours une occasion spéciale. Nous n’avions pas la télévision (nous ne l’avons toujours pas au demeurant), mais nous regardions parfois le sport sur Internet. C’était toutefois assez rare, car la connexion était très lente. Nous avons par exemple regardé la finale de la Coupe du monde 2010. Pour ceux qui s’en souviennent, l’Espagne a gagné 1-0 sur un but d’Andrés Iniesta.

L’école à l’alpage

Ce qui a rendu mon enfance exceptionnelle, c’était aussi l’école. Nous passions le premier trimestre de chaque année scolaire à l’alpage, et ce, de la 3e à la 8e. Nous avions une professeure particulière, Franziska, qui était une bonne amie de mes parents. Elle passait au total trois semaines avec nous, en août avant la rentrée et pendant les vacances d’automne, pour nous faire la classe. Entre deux séances, nous avions des devoirs à faire tout seuls. Ça fonctionnait plus ou moins bien selon les enfants (sans vouloir citer de nom 😉). Personnellement, je m’y prenais toujours à l’avance afin de passer plus de temps à jouer dehors.

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Une expérience hors du commun

Il faut une autorisation spéciale pour l’école à l’alpage, les parents qui le désirent ne peuvent pas décider de le faire spontanément. Franziska, notre enseignante, que nous vousoyions durant les cours, se concertait avec nos enseignant·es de l’école afin de s’assurer que nous serions au niveau à la rentrée des vacances d’automne. La plupart du temps, nous étions même en avance par rapport à nos amis de la vallée lorsque nous retournions à l’école. Tout n’était pas tout rose: les enfants “différents” n’ont pas toujours la vie facile.

Pendant l’été, nous nous attelions toujours à un projet manuel (par exemple le drapeau de l’école!), nous chantions dehors, nous faisions des sorties (cinéma, randonnées, zoo, pêche, etc.), et notre année s’articulait autour d’un fil rouge tel que les manchots, les chats ou encore la Suisse. Somme toute, c’était une expérience extraordinaire!

En 9e, bonjour le chemin de l’école

À partir de la 9e, c’est-à-dire dans le secondaire, nous nous rendions à l’école dans la vallée. Cela signifiait, se lever aux aurores pour courir à la station intermédiaire du téléphérique de Stockhorn, ouvrir soi-même le téléphérique (car il s’agissait d’une course de service et non d’une course régulière), descendre et aller à vélo ou à cyclomoteur depuis la station inférieure. En règle générale, nous arrivions toujours avec cinq minutes de retard, mais les professeurs étaient au courant et cela ne posait donc généralement pas de problème. Une fois, alors que j’étais seule, la cabine de téléphérique s’est arrêtée à cause d’un problème technique et j’ai mis plus de deux heures à me rendre à l’école. Par chance, je suis arrivée juste à temps pour la récréation. 😉

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Pas de vacances, mais beaucoup de souvenirs

Je ne suis pas partie en vacances d’été avant d’avoir atteint l’âge adulte, car ma famille était toujours à l’alpage. Je peux même compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où je suis allée à la piscine en plein air durant ma scolarité; je me suis baignée plus souvent dans des lacs de montagne. C’est un mode de vie complètement différent: nous avons vécu de nombreuses autres expériences que personne d’autre n’a vécues.

Des rencontres inoubliables sur l’alpage

Ce qui était bien, c’est qu’il y avait toujours au moins deux employé·es sur l’alpage. Nous étions souvent en contact avec eux ainsi qu’avec la clientèle, et notamment les habitué·es. Certains nous connaissent depuis notre plus tendre enfance, ce qui bien sûr crée des liens très spéciaux. Sur la photo, on me voit avec Romilda, une des collaboratrices. C’est toujours une très bonne amie de la famille.

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Une expérience que je ne changerais pour rien au monde

Il est vrai que l’on renonce à un certain nombre de choses quand on grandit à l’alpage, mais l’on vit également des expériences incroyables. Avec le recul, je ne changerais rien à mon enfance, car c’est elle et les expériences que j’ai vécues l’été qui ont fait de moi la femme que je suis aujourd’hui, j’en suis persuadée.

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