Entretien avec Jessica et Raphael

Jessica et Raphael, pourquoi avez-vous décidé de changer d’alpage?

Raphael: Nous aimions beaucoup notre précédent alpage, sinon nous ne serions pas restés six étés là-haut. Néanmoins, pour moult raisons, il était temps d’écrire un nouveau chapitre de notre histoire. Maintenant que les enfants sont plus grands, beaucoup de choses deviennent plus simples et de nouvelles opportunités s’ouvrent à nous.

Jessica: Tout à fait. Je me réjouis de pouvoir à nouveau assumer davantage de tâches à l’étable et à la fromagerie. Sur le nouvel alpage, nous disposons d’une installation de traite à lactoduc, ce qui nous facilite le travail.

Connaissez-vous déjà le nouvel alpage?

Jessica: J’ai d’abord téléphoné à notre nouveau maître alpagiste pour me renseigner sur Moosbühlen. Nous avions besoin de savoir un certain nombre de choses pour pouvoir nous faire une meilleure idée de l’alpage et pour décider s’il nous convenait vraiment. Il faut toujours se demander comment l’alpage est aménagé et comment on traira les vaches et fabriquera le fromage.

Raphael: En mars, je me suis rendu à Thoune à l’occasion de la cérémonie organisée en l’honneur des alpagistes de CasAlp et j’en ai profité pour rendre visite à notre nouveau chef. Malheureusement, nous n’avons pas pu monter à l’alpage.

Comment vous sentez-vous à l’idée de ne plus retourner sur votre précédent alpage?

Raphael: Je suis impatient de découvrir l’endroit où nous passerons la prochaine saison d’alpage.

Jessica: Il faut du courage pour laisser derrière soi un lieu que l’on connaît si bien. C’était un saut dans l’inconnu. Nous espérions simplement trouver rapidement un nouvel alpage et ne pas rester dans l’incertitude jusqu’au printemps.

Comment vos enfants prennent-ils la nouvelle?

Jessica: Ils trépignent d’impatience! Ils ont fait leurs valises dès le mois de février. « Pour le nouvel alpage », disent-ils. Ce qui les réjouit le plus, ce sont les cochons que nous aurons sur le nouvel alpage et le fait que nous pourrons peut-être emmener des poules. Ils sont pressés d’explorer leur futur terrain de jeu.

Quels préparatifs faut-il prévoir avant de se rendre sur un nouvel alpage?

Raphael: Après plusieurs années sur le même alpage, une certaine routine s’installe. La machine est bien rodée et tout le monde sait comment les choses se passent. Maintenant, il faut repartir de zéro: échanger, poser des questions si quelque chose n’est pas clair, etc. Quand on connaît déjà l’alpage, on sait exactement à quoi s’attendre et comment le chalet est aménagé. On sait alors exactement ce qu’il faut emporter. Mais cette année, on risque de se poser beaucoup de questions au moment de préparer les bagages ;-)

Est-ce que « vos » vaches vont vous manquer?

Jessica: C’est surtout la proximité que j’entretenais avec elles qui va me manquer. Au cours de mon sixième été d’alpage à Vorder Menigen, je pouvais les appeler le matin depuis un petit promontoire rocheux et elles accouraient. J’en avais la chair de poule à chaque fois. Les animaux connaissaient nos habitudes, notre manière de faire, y compris pour la stabulation, et ils aimaient regagner leurs pénates. Sur un nouvel alpage, il faut d’abord trouver ses repères avant de parvenir à recréer le même niveau de proximité.

Quels sont les défis qui vous attendent sur ce nouvel alpage?

Raphael: Les débuts seront sans doute un peu difficiles, le temps que tout se mette en place et que chacun trouve ses marques dans cette nouvelle vie à l’alpage. Le premier été sur un nouvel alpage, tout prend plus de temps. Mais au bout d’un moment, on apprend à connaître l’endroit: les raccourcis pour aller chercher les vaches, la répartition des tâches la plus pratique, les clôtures, les fontaines, etc.

Les expériences des dernières années vont-elles vous aider?

Jessica et Raphael: Absolument. Les bonnes comme les mauvaises. Chaque été à l’alpage nous a offert son lot d’expériences. C’est pourquoi nous ne sommes pas inquiets à l’approche de l’estivage. Au contraire, nous comptons même les jours!